

Depuis 2012, les excellents Ligerians ne cessent de nous régaler avec leur reggae à la touche si particulière, et des collaborations plus prestigieuses les unes que les autres. D’abord avec Rod Anton sur Reasonin’ (2012), et Wevolution (2014), puis avec l’excellent Joe Pilgrim sur Intuitions (2015) et l’EP Step Out (2017).
En 2018, le non-moins excellent label Irie Ites leur propose d’accompagner leurs artistes sur scène ce qui donnera l’occasion au groupe de tourner avec des artistes jamaïcains de renom tels que Linval Thompson, Trinity, Glen Washington, et Chezidek…
Et c’est justement à l’occasion d’un concert avec ce dernier en 2019, que germe l’idée d’une collaboration pour un album… Chezidek se rend donc à Tours, au studio SoulNurse records, celui des Ligerians, (et plus exactement de leur guitariste Gabriel Bouillon), afin d’écrire, composer et arranger les neufs titres de ce nouvel opus, Timeless.
En sort un album, dont le seul défaut, à mon sens, est de ne comporter que neuf titres… Mais tous de qualité, tant dans l’écriture que dans la réalisation sonore.
On entre tranquillement dans cet album avec le titre Beat them, qui nous dit de faire attention à nos actes, sur une instru new roots façon Ligerians, bien straight, sublimé par le flow de Chezidek et les sons de clavier qui lui répondent parfaitement.
Le titre It’s alright quant à lui, est plus dansant, ce qui correspond au texte qui encourage à surmonter les obstacles que la vie peut mettre sur notre chemin.
Avec le titre Over the mountain, l’album entre dans une phase plus méditative, le riddim a des phases un peu dub, un tempo plus lent, et là encore, les synthés (au son très 80’s) répondent encore parfaitement au chant de Chezidek, beaucoup plus lyrique sur ce titre.
La chanson qui suit, intitulée Timeless, reste bien sweet même si le trio basse-batterie-percussions file, les harmonies vocales accompagnent à merveille le thème du morceau, qui est une chanson d’amour dans la plus pure tradition du lover-reggae d’un Gregory Isaacs ou d’un Dennis Brown… On notera encore de belles réponses de synthé, toujours avec des choix de sons très 80's qui vont très bien avec le style.
Let’s no say reste dans le style méditatif, mais revient dans un style beaucoup plus 70's, avec un thème d’orgue sur l’intro, une guitare lead répondant au chant dans les couplets, et encore une fois, des chœurs magnifiques dont les Ligerians ont le secret… Sur ce One-drop magistral, Chezidek nous dit que nous somme tous humains, et qu’on ne doit laisser personne dire qu’il est impossible de vivre ensemble… Faisons le…
On reste dans le style 70's sur le morceau suivant, sur un riddim plus rockers, mais on retrouve les chœurs, la guitare cocotte qui double la ligne de basse, les petits riffs d’orgue… le titre de cette chanson No solution in their lies parle de lui-même quant au thème, traitant des mensonges des politiques. Chezidek nous appelle à ouvrir les yeux pour ne pas se laisser berner par leur belles phrases…
Le morceau Ready for the show revient à une atmosphère plus entraînante et dynamique, grâce à son tempo et sa tonalité majeure, et commence par une invective de Chezidek en français : « Ligerians, on y va ! »
Ce morceau est le premier de cet album à laisser apparaître un clavinet, instrument très usité dans le reggae. Le texte est une ode à la musique, « la guitare nous fait danser, ainsi que les claviers et percussions, la batterie fait taper du pied et la ligne de basse bouger la taille… »
I love Jah est pour ma part mon titre préféré de cet album. Sur un rythme stepper, ce titre est une prière, un remerciement à Jah pour la beauté de la vie. Musicalement, il laisse la part belle au kete de Bongo Ben (qui jusqu’à maintenant avait préféré des claves, cabasa, et woodblock, au batterie-basse doublée par la guitare cocotte et aux réponses de pianos et synthés.
L’album se termine en beauté avec le titre It comes down to love sur un rythme nyabinghi, orgue et guitare acoustique, et qui nous invite, après tout ce qui a été dit et fait à revenir à l’amour et à la bienveillance.
Pour conclure, cet album est tout simplement une pépite, tant au niveau des textes et de la musique, le tout mixé d’une main de maître par Gabriel Bouillon. Peut être lui manquerait il deux trois dubs pour faire durer encore plus le plaisir…
Il rejoint, en ce qui me concerne, les meilleurs albums qu’il m’ai été donné d’entendre à ce jour, dans le roots français moderne… Un must-have pour tous les amateurs de vrai bon reggae…
« Ligerians, continuez… »