

Hail The King. C’est le nom que porte l’attente. L’attente, pour tous les fans de deep roots qui, depuis quelques mois, patientent avec dévotion et acharnement, pour enfin voir arriver le Saint-Graal. Ce n’est peut-être pas celui tant recherché par le christianisme depuis des centaines d’années, mais il est tout aussi spirituel. En effet c’est le nom du nouvel album du band le plus deep des Iles Vierges, le nouvel opus du band le plus roots de la planète, les seuls et uniques Akae Beka.
La délivrance pointe le bout de son nez le 23 mars quand l’opus du groupe de reggae roots originaire de l’île de Sainte-Croix, Akae Beka, mené par le charismatique et poète, Vaughn Benjamin (en effet Vaugh Benjamin a publié un recueil de poésies en 2006 baptisé Koll Pekude : Word, Sound & Poems) arrive dans les bacs des meilleurs disquaires de France et de Navarre. Ce patronyme vous évoque sûrement quelque chose, car il était le fondateur du groupe de roots reggae, Midnite. Mais en 2015, Vaugh Benjamin décide de lancer une nouvelle formation baptisée Akae Beka.
Hail The King est donc le nouveau projet de Akae Beka produit par le label Higher Bound Productions. A noter que c’est le huitième album du groupe en seulement quatre années. Pour ce nouvel album, le groupe prend des risques et propose un format rare : les dix titres du projet ont été enregistrés en prise directe lors d’une session d’enregistrement dans le studio du label. Le groupe est aujourd’hui composé d’anciens musiciens du groupe Midnite, mais aussi de nouvelles recrues. Néanmoins même si leur nom a changé, Akae Beka arbore un son aussi deep et hypnotique qu’avec Midnite, et toujours porté par des textes intemporels, remplis de sagesse qui poussent continuellement l’auditeur à réfléchir sur lui même. Dans ce nouvel opus, Vaugh Benjamin aborde des sujets qui lui sont chers comme la destruction de l’environnement par les êtres humains, les guerres qui se multiplient au profit des puissances occidentales ou encore l’extinction de multiples espèces animales livrés sur des riddims envoutants et puissants.
Comme à son habitude la pochette de l’opus est très spirituelle et ornée de plusieurs icônes éthiopiennes. On débute cet album avec le morceau Class Warfare Scorn qui immédiatement nous fait rentrer dans l’univers mystique du groupe porté par la voix de Vaugh Benjamin et un riddim pachydermique, puissant, entêtant et profond. On poursuit avec le titre One Mind. Un morceau très solide, qui se dévoile au fur et à mesure de la chanson avec de multiples interventions à la guitare et des intonations de voix différentes qui crées du relief dans la tune. One Mind est comme un diamant qui glisse sur du velours, c’est vous dire la profondeur de ce morceau. Le troisième titre de l’album est Estevanico un morceau plus sombre que les deux précédents, avec une touche de dancehall en fond.
On poursuit avec deux big tunes Fountain et Earth Repair toutes les deux portées par un riddim tranchant et aérien, qui nous amène peu à peu vers un état de quiétude. Le morceau suivant est Fe Prominence une tune qui tranche avec les autres car on peut entendre du sax et des interventions de guitare acoustique. Alors que les riddims, depuis le début de l’album, sont majoritairement composés d’une basse, guitare et percussions. Arrive le coup de coeur de la rédaction, le sublime New Race. Un riddim deep accompagné d’échos de clavier qui donnent une atmosphère aquatique à la tune. Les deux derniers titre de l’album Winners On The Ground et Hail The King finissent en beauté l’album avec deux riddims deep tout autant envoutants l’un que l’autre portés par la voix mystique et cristalline de Vaugh Benjamin.
Akae Beka signe un très grand album avec Hail The King dans lequel ils subliment le roots reggae comme peu de groupe le font. Avec ce nouvel opus ils nous livrent un de leur projet les plus aboutis depuis 2015, un véritable album de deep roots haute-couture.