

Groundation, c'est le nom de ce groupe de reggae roots et de jazz qui a été créé par Harrison Stafford et ses potes de l'université de Sonoma State en 1998. Leurs deux premiers albums ont été bien reçus et le groupe a su se faire une place parmi les meilleurs de reggae roots aux États-Unis. L'ingénieur Jim Fox a retravaillé ces deux albums et depuis, il est leur ingénieur attitré, ce qui a contribué à leur succès. Ils ont vraiment décollé à l'international avec l'album Hebron Gate. Depuis, leur devise, c'est "forward ever, backward never" (toujours en avant, jamais en arrière), même s'ils ont toujours eu une forte connexion avec les racines du reggae et ses artistes de base. Le groupe a l'esprit ouvert et ils mélangent jazz, world music, rock et blues à leurs compositions. Surtout sur cet album, leurs compositions sont souvent complexes et à plusieurs niveaux, ce qui prouve leur savoir-faire. Niveau lyrics, ils ont du fond et de la profondeur, influencés par la crise mondiale des dernières années.
Sur cet album, le groupe se compose de la façon suivante, Harrison Stafford (chant et guitare), Isaiah Palmer (basse), Zach Morillo (batterie et percussion), Eduardo Gross (guitare solo), Matt Jenson et William Blades (claviers), Brady Shammar et Alreca Smith (chant de harmony), et la section cuivres avec Jeff Cressman, David McKissick et Roger Cox. L'album One Rock, c'est une collaboration entre le label américain Easy Star Records et le label français Baco Records.
Pour cet album, ils ont invité des artistes de légende du reggae, comme Israel Vibration, The Abyssinians et The Congos. La collab commence avec le titre d'ouverture, Original Riddim. La contribution d'Israel Vibration et The Abyssinians est naturelle et organique, c'est parfait. La chanson est puissante, une croisade musicale qui déchire ! La chanson Human Race est fortement influencée par la section de cuivres, qui lui donne une touche jazzy. Même un orchestre à cordes semi-classique débarque, c'est sûr que cette chanson demande un peu de temps pour être appréciée, et c'est pareil pour la chanson Greed avec ses changements de rythme qui surprennent. La structure de la chanson Market Price est imprévisible. Après une intro classique/jazzy, vous êtes pris dans un riddim skank subtil. The Congos font leur apparition dans le titre de l'album. Malheureusement, le long solo de guitare gâche un peu la chanson. Les voix de The Congos apportent un contraste excitant par rapport à l'apport vocal de Harrison. Israel Vibration revient sur Iron, une chanson up-tempo, sans surprise.
Sur le plan musical, cet album est vraiment bien pensé et exécuté. Mais parfois, il pose la question : "et le beat reggae, celui qui est simple et accrocheur, où est-il ?" Plusieurs chansons de l'album sont pleines de virages et de déviations vers d'autres styles, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Les puristes du reggae hausseront parfois les sourcils. Sa complexité et ses nombreux changements de style et de tempo semblent nuire à cet album de Groundation plus qu'autre chose. En fin de compte, l'album aurait bénéficié d'une approche moins prétentieuse et plus accessible.