Cassy G. notre reporter est allé à la rencontre du producteur de reggae Kevin Hamil pour son site jamworld876. Elle nous rapporte ici ce qu'ils se sont dit.
D’où viens-tu ?
Je suis né à Port Maria, dans la paroisse de Ste Mary en Jamaïque. Puis j’ai déménagé à Kingston 13, lorsque j'avais environ 10 ou 11 ans. Je me souviens être parti à Kingston lorsque j'étais assez jeune, et je suis allé à St Peter Claver. Là, j'ai rejoint les Scouts. J'étais un boy-scout de St Peter Claver. Après, j'ai quitté St Peter Claver.
St Peter Claver est situé à Waltham Park Road. Ensuite, je suis allé à Norman Manley, puis à l'âge de 16 ans ans, je suis venu en Amérique, à New York.
Comment ça s’est passé pour toi lorsque tu as émigré aux Etats-Unis ?
Eh bien, il y a eu un petit moment de transition là-bas, parce que tu sais, lorsque tu as un accent à couper au couteau et la façon dont tu t'habilles. Tout le monde savait que j'étais jamaïcain parce que je portais ces jeans coupés avec le chiffre "8" dessus, et des grands costumes en jean, et des trucs comme ça. Quand on me voyait à l'époque, on savait exactement que j'étais jamaïcain. Mais c'était une histoire de transition et je me suis doucement adapté aux États-Unis, tu sais.
As-tu directement été confronté à la violence de Kingston lorsque tu étais jeune ?
Non non. J'ai toujours été une personne qui évite les ennuis. J'étais juste à fond dans la musique, dès mon plus jeune âge. Je me souviens que j'avais un oncle, que son âme repose en paix, Spider Black, qui venait chaque année. Il avait l'habitude d'organiser un sound system à House of Leo, Cali Cali ou California California, avec Stone Love, Metromedia. J'avais l'habitude d'aller à ces sound systems lorsque j'étais très jeune.
Quel était ton sound system préféré à l’époque ?
Stone Love était autrefois très dominant, tu sais. Stone Love et Metromedia toujours. Il y en avait tellement mais, Stone Love. Ouais.
Quels producteurs t’ont influencé ?
Eh bien, je dirais peut-être Dave Kelly, il y a tant de producteurs. Il y a, tu sais, Di Genius, par exemple, Don Corleon, Not Nice, tout un tas de producteurs m'a influencé naturellement, juste de par le fait d'être exposé à leur musique, tu sais. Depuis ma naissance, j'ai toujours été bercé par la musique. J'ai grandi avec l'amour de la musique, tu vois ce que je veux dire.
Qu’est-ce qui t’a motivé à produire de la musique ?
Eh bien, en 2004, je travaillais dans à l'Hôpital juif de Kingsbrook à Brooklyn, et j'ai rencontré une jeune femme qui s'appelait Chrisandra. Elle m'a ajouté à sa carte de crédit en tant que co-signataire. Elle m'a donc donné sa carte de crédit avec, je pense, près de 8 000 $ et je suis allé au magasin Sam Ash en face de King's Plaza, et j'ai tout dépensé sur cette carte de crédit immédiatement.
J'ai acheté une boîte à rythme, un MPC 4000, j'ai acheté un clavier. Je suis juste devenu fou là-dedans, et j'ai pris tout le l'équipement dont j'avais besoin. Puis avec un jeune homme répondant du nom de Lush, nous avons monté un studio à la jonction de Flat Bush, où des artistes venaient enregistrer. C'est comme ça que j'ai commencé la musique en 2004, lorsque j'ai officiellement eu un numéro d'identification fiscale. C'est ainsi que j'ai commencé à l'époque.
La première fois que nous avions entendu parlé de ton label, c’était lorsque tu nous a envoyé un CD de Mongoose. Es-tu toujours en contact avec lui ?
Oh oui ! Mongoose est un artiste très talentueux. Le CD que je t'avais envoyé c'était Gal Haffi Send On. Je suis toujours en communication avec lui, sur WhatsApp. Mongoose a également enregistré un autre album que j'ai produit et qui s'intitule Have To Survive.
Moi et Mongoose avons une histoire. Il est l'un des premiers artistes Reggae/Dancehall, à avoir enregistré pour mon label. Nous avons travaillé sur d'autres projets ensembles. Nous avons enregistré Protect My Soul, Mama You Bless et un certain nombre de singles ensemble.
Donc oui... Je parle toujours à Mongoose sur WhatsApp. Le premier projet que j'ai officiellement débuté c'était avec lui.
Comment s’est passé ta collaboration avec Chezidek ?
Eh bien, j'ai commencé à travailler avec Chezidek via une société d'édition en Jamaïque : Diamond Reggae. Diamond Reggae s'occupe de tout ce qui a trait à la musique en général. Entre autres, elle contacte les stations de radio pour moi ainsi que les ingénieurs du son.
Avant de commencer à travailler avec Chezidek, j'ai travaillé avec Young Kush, Mongoose et Bamma entre autres. J'ai demandé à Diamond Reggae de prendre contact avec Chezidek car je voulais qu'il enregistre un single sur une de mes production.
Le premier single que Chezidek a enregistré pour moi s'intitule Stronger. Après cela, nous avons enregistré Prayers Me Pray, puis Still Standing. Nous avons également enregistré Babylon Virus, qui est sorti il y a quelques semaines.
Il travaille actuellement en studio sur un cinquième projet pour moi sur le "Nyahbinghi Man Riddim". Luciano enregistrera un single pour moi aussi, ainsi que Bamma.
Si d'autres artistes souhaitent poser sur le riddim, ils peuvent me contacter.
Mais je veux que vos lecteurs sachent que je travaille en dehors de la musique également. Je ne fais pas de musique à plein temps. J'occupe actuellement deux emplois. Je travaille dans un hôpital et je suis chauffeur de taxi TLC.
Donc, je fais ce que je peux en fonction de mes finances pour produire ma musique. Si on travaille ensemble, il faudra parfois être patient, si les projets ne sortent pas en temps voulu. Mais, je fais de mon mieux, en fonction de mes finances.
Avec qui aimerais-tu travailler ?
Tu sais quoi quoi, c'est une bonne question. Je suis relativement nouveau dans le business, j'aimerais travailler avec des gens qui dégagent une énergie positive dans le monde, tu sais, comme Capleton, peut-être et tant d'autres gens. Il n'est pas aisé de simplement lister des noms.
Je souhaiterais travailler avec des gens qui respectent ma situation et qui comprennent que je ne suis qu'à ce niveau actuellement. Tu sais, mon budget n'est probablement pas très élevé.
Mais je veux bien travailler avec tous ceux qui souhaiteraient travailler avec moi. Donc, je dirais que quiconque veut vraiment travailler avec moi, ça me va.
Je ne vais pas rester ici et lister des noms, parce que je prévois d'être là pendant un certain temps pour produire plus de musique et voir où jusqu'où cela me mène.
Travailles-tu avec d’autres professionnels de la musique ?
Oui. Je passe par Diamond Reggae. Diamond Reggae m'a mis en relation avec beaucoup d'ingénieurs en Jamaïque. Je passe par eux pour promouvoir ma musique et mon label. Je dois les féliciter et les remercier pour leur collaboration.
Je veux aussi profiter de ce moment pour ceux qui ont rendu les choses plus faciles pour nous, parce qu'avant, quand nous n'avions pas Internet, et sans le développement des nouvelles technologies, les gens devaient marcher pour vendre leur musique aux gens. J'aimerais ainsi remercier les anciens, merci à ceux qui étaient là avant nous et à ceux qui continuent. Je veux juste vous remercier.
La crise du corona virus affecte-t-elle tes projets ?
Le corona virus nous a tous touchés, vous savez. Parce que nous devons nous assurez que nous nous protégeons bien. Tu vois, je suis dans mon taxi en ce moment, c'est ce que je porte. Je porte un masque quand je conduis mon taxi. Je porte également un masque quand je suis au travail, parce que je travaille dans un hôpital comme aide-soignant, auprès des patients atteints du corona. Je te le dis, c'est un travail en soi pour se protéger du virus.
Mais en ce qui concerne la musique, j'avais prévu pas mal de projets pour 2020 avant que l'épidémie se propage. Je veux dire que cela n'affecte pas ma musique, parce que j'ai deux emplois essentiels. Donc financièrement, ça m'affecte peu, hormis les précautions nécessaires que je dois prendre pour me protéger, mais je poursuis
Peux-tu nous parler de tes projets musicaux pour 2020 ?
J'espère acquérir plus de notoriété en tant que producteur. J'essaie toujours d'aller vers mon public et d'amener les gens à me soutenir. Vous pouvez aller sur Amazon, iTunes, et soutenir notre musique, pas seulement mon label, mais continuez à soutenir le reggae en général.
Au début des années 2000, le développement d’internet a impacté l’industrie musicale. Les ventes de CD ont notamment chuté à cause du téléchargement illégal. Qu’en est-il pour toi ?
Je dirais que la technologie a affecté mon label de manière positive. Cela a eu un impact positif sur mon label, car auparavant je devais me rendre dans des salons de coiffure, ou attendre près du métro, je vendais des CD à droite - à gauche.
Donc ça a été bénéfique pour moi. Par exemple, depuis que j'ai commencé à travailler avec Chezidek et quelques autres artistes, j'ai noté que je recevais quelques commissions grâce aux ventes en ligne, aux téléchargements et au streaming, entre autres. Tu vois ce que je veux dire. C'est donc positif.
Ta musique a-t-elle été influencée par le Hip Hop du fait que tu aies émigré aux Etats-Unis, berceau du Hip Hop, durant les années 90 ?
Je dirais que je suis fan de musique en général, parce que j'aime le Hip Hop. J'écoute Jay-Z, j'écoute du DMX, et tout ce qui est bon, tout ce qui sort. Je ne dirais pas que ça m'a influencé. Je l'embrasse, d'une certaine manière.
J'embrasse la musique que nous produisons. Notre culture est si riche, en ce qui concerne le reggae, et je reste à l'écoute.
J'aime écouter du Hip Hop et du R'n'B. La première mixtape à laquelle KevWreck Records a participé était une mixtape de Links MN. Il avait sorti une mixtape qui s'intitulait Street Fame.
Je crois qu'il avait d'abord sorti Street Fame Volume 1, puis je l'ai contacté, et je lui ai demandé si je pouvais participer à Street Fame Volume 2.
Links MN est un rappeur que j'avais contacté et qui a enregistré un single pour moi, à l'époque. Ce fut le premier single que j'ai officiellement produit. C'était sur un CD de rap.
Comment trouves-tu la scène musicale Reggae actuelle ?
J'adore ce qui se passe. J'adore la scène Reggae en ce moment. Tu sais, tout le monde a l'opportunité de mettre en avant son talent. Quel que soit votre talent, c'est actuellement le moment de le mettre en avant, que vous soyez producteur ou artiste. J'adore la scène musicale. C'est génial. C'est de la bonne musique.
J'écoute Chronixx, Protoje, et j'écoute tout ce qui sort, parce que tu sais, je conduis un taxi, donc, le samedi par exemple, je fais pas mal d'heures. Je vais sur Youtube et pendant que je prends en charge des passagers, j'écoute Youtube parfois pendant 9-10 heures par jour. J'adore où en est la scène musicale actuellement.
Quelles sont tes trois chansons de Reggae/Dancehall préférées ?
Eh bien, il y en a tellement. Je vais commencer par te dire pourquoi. Parce que moi, j'ai commencé à danser. J'étais danseur avant de créer mon label KevWreck Records.
Donc, la première chanson sur laquelle je me souviens avoir dansé était Dela Move d'Admiral Bailey. "Dela move, Dela move, mek we do the Dela move". J'ai dansé sur cette chanson, et j'ai grandi en écoutant Barry G en Jamaïque.
Ensuite, je dirais World A Dance de Beenie Man. J'ai déménagé en Californie au milieu des années 90, et je dansais pendant qu'il y avait une tempête dans un club qui s'appelait 105. Big up à la Famille Sutherland, big up aussi à la famille Hamil. Tu sais, beaucoup d'entre nous, nous allions dans ces clubs, et c'est là que je dansais beaucoup, au 105.
Puis, la troisième chanson, peut-être Log On d'Elephant Man. Ouais ouais, j'ai aussi beaucoup dansé sur cette chanson.
C'étaient mes chansons préférées quand j'étais jeune, à l'époque où j'étais à fond dans la danse. Alors oui, c'est ça.