Salut Souleymane aka Lyricson ! Tu es né en Guinée et tu y a vécu une petite dizaine d'années. Peux-tu nous parler de ton pays d'origine ?
Oui, la Guinée est mon pays d origine. C'est un jeune pays francophone, multiethnique à majorité musulmane.
Takana Zion qui a presque dix ans de moins que toi et qui est né en Guinée est aussi assez connu en France. Le reggae est une musique populaire en Guinée ?
Depuis l'avènement de Takana Zion et d'autres artistes de reggae depuis un peu plus d'une dizaine d années, le reggae occupe une place importante dans le paysage culturel guinéen. Il y a quelques temps, c'était encore le rap qui dominait les genres musicaux chez les jeunes, mais la tendance a complètement changée.
Actuellement, la situation politique en guinée avec Alpha Condé qui brigue un 3ème mandat après avoir changé la constitution n'a pas l'air simple, quel échos as-tu de la population locale ? Tiken Jah Fakoly disait : "on ne pourra pas changer l'Afrique à notre place", tu es d'accord ?
Le peuple de Guinée est pris en otage par les ambitions personnelles du président.
Et oui, il appartient aux africains conscients, visionnaires et de bonne volonté d'apporter les changements nécessaires.
La musique te suit depuis ton enfance ? Qu'est-ce que tu écoutais avant de devenir un artiste reconnu ? Quels sont les artistes qui t'ont influencé dans ton style vocal ?
J'ai écouté sans discriminer tous les styles, genres ou artistes dans mon enfance. J'ai grandi avec le rap, la disco, la funk , le R&B, le Reggae etc...
Je n ai pas été influencé par un artiste en particulier, mais par le métier de chanteur. Je ne savais pas dans quel genre musical j'allais évoluer.
Tu t'es fait connaître en France grâce au groupe de rap Assassin et Manu Chao ou c'est un peu simpliste ?
Non, ce n'est pas simpliste. C'est un peu le cas, mais j'ai deux titres qui avaient un peu tourné en France avant que je n'y débarque. Mais il est vrai que je n'étais pas très connu.
Les français Bost & Bim et leur label Special Delivery ont été important début 2000 dans ta carrière, non ? Peux-tu nous parler de ton énorme album Born To Go High sorti en 2004 et que tu as enregistré en partie en Jamaïque ?
Oui, Bost & Bim et Spécial Delivery ont été très présents au début de ma carrière. J'ai été béni de faire leur rencontre. Special delivery a produit mon premier album Born To Go High qui m'a permis de vraiment me lancer.
Je suis allé en Jamaïque au début de ma carrière mais il y a un bon moment que je n'y suis pas retourné. Malgré tout, je garde des contacts forts et essentiels en Jamaïque ( producteurs, musiciens , artistes ...)
A part des artistes comme Chronixx, Protoje, Jah9, Kofee, Kabakka Pyramid, la scène conscious locale à l'air d'avoir du mal à retrouver une émulation comparable aux années 90 et 2000, comment l'explique tu ?
Je pense que le reggae a évolué et nous ne sommes plus au stade de l'émulation. C'est un genre musical qui a trouvé sa place sur l'échiquier international. Mais le son a changé il est différent de celui du début des années 2000.
Quels sont les producteurs jamaïcains avec qui tu aimerais travailler ?
Aujourd'hui, il y a Dean Fraser que j'aime beaucoup mais il y en a bien d autres.
Ton terrifiant Black and da roman sorti il y a déjà une vingtaine d'années est un peu à part je trouve. Il y avait à une époque des personnes qui disaient que ça n'était peut-être pas toi, même si depuis on sait que c'est faux. Qui est à la prod' et peux-tu nous en dire plus sur l'enregistrement de ce titre ?
C'est un titre très spontané que j'ai enregistré en hommage à Mumia. C'est un titre produit par Laurent Le duc du label West Indian records. Le but n'était pas d'en faire quelque chose de terrifiant, mais c'est vrai que le riddim est terrible.
En 2001, Bad Load a fait un carton et toutes les personnes de ma génération l'ont connu. Comment t'expliques ce succès ?
Le succès de Bad Load et Night and Day m'a un peu surpris au début, mais je ne me l'explique pas. Peut être que c'est dû au fait que ce soit les 2 titres par lesquels j'ai été découvert et que le public mélomane l'à gardé comme référence.
Tu es attaché au format vinyle ?
Je ne suis pas attaché à un format particulier. L'essentiel est que la musique soit diffusée au plus grand nombre.
Bobby Digital nous a récemment quitté, tu avais posé sur son One to One riddim, l'avais_tu voicé dans son studio, si oui quel souvenir gardes-tu de Bobby Digital ?
Oui ! Ça s'est passé dans son studio. J'étais quand même impressionné de me retrouver dans ce studio qui a vu passer tant des légendes et produit tant de grandes œuvres. Bobby Digital était un vrai mélomane, curieux, humble et généreux.
Sur ton album sorti en 2017, Revolution Time Again, tu as des featurings avec Luciano et le défunt et mythique Vaughn « Midnite » Benjamin. Parle-nous du feeling et de la rencontre avec ces deux monuments du reggae moderne.
Ce fut la concrétisation d'un espoir, surtout le featuring avec Luciano. Il est un peu le parrain de la génération 2000 et j'ai toujours souhaité collaborer avec lui. Pour Vaughn Benjamin, c'était plus par rapport au titre Revolution Time Again, je ne voyais pas d'autres voix pour m'accompagner dessus et j'ai été très honoré qu'il accepte. Paix à son âme.
Récemment, tu as sortit un single sur le label United Vibes, on peut s'attendre à un nouvel album sous peu ? Et qu'elle va être ton actualité musicale dans les mois qui viennent ?
Pour l'instant, je n'ai pas de projet prévu pour cette année vu la situation sanitaire exceptionnelle. Mais je continue d'enregistrer sans me lancer dans un projet particulier.
Comment se porte le reggae/dancehall selon toi en 2020 vu que tu suis son évolution depuis plus de 20 ans ?
Je pense que le reggae/dancehall a encore du chemin à parcourir, des portes à ouvrir afin que nous puissions vivre de manière décente de notre art.
