Interview : Rencontre avec Twan tee

Interview : Rencontre avec Twan tee

A l'occasion de la sortie de son album 'Twan Tee Meets Oddy - Crossing' sur le label Baco Records, nous sommes allés à la rencontre du jeune chanteur afin d'en savoir un peu plus sur lui ...

Auteur : Ben Peronne
Publié le 20 avril 2021

Sorti en Février dernier chez Baco Records, l'album Crossing de Twan Tee nous a frappé par son originalité. Des vibrations aux inspirations reggae qui emmènent avec elle la modernité des sons électros d'aujourd'hui. Un tout bien homogène et cohérent qui nous a séduit au point que nous voulions absolument en connaître d'avantage sur celui que l'on identifie déjà comme l'une des figures majeures du reggae français de demain.




Bonjour Twan Tee, peux-tu te présenter pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?

- Je suis chanteur, musicien, compositeur, souvent apparenté au milieu reggae sound-system parce que c’est là où j’ai pu naviguer le plus ces dernières années. Je chante , j'écris et je crée des instrus.

Comment es-tu "tombé" dans le reggae ?

Twan Tee- Un peu par accident en fait... Mon père est un guitariste de rock mais j’ai toujours entendu un peu de reggae à la maison. Et puis j’ai rencontré des gens qui étaient amoureux de cette musique là quand j’avais 14/15 ans … Ca m’a aspiré sans même que je puisse contrôler quoi que ce soit. J'ai directement eu un amour fort pour le reggae et j'ai cherché toutes les façons possibles de rassasier ce besoin d'en écouter et d'en faire tous les jours.

Ton père est musicien, toi aussi tu joues d’un instrument ?

- Oui, regarde (Twan Tee montre ses guitares) ! J’ai pris des cours de batterie plus jeune. Mon père m’a appris les bases à la guitare, et puis après je me suis débrouillé tout seul. J'ai aussi appris le piano, mais plus par nécessité parce que j’avais besoin de clavier pour mes instrus, donc je m’y suis mis.

Tu es plutôt Sound System ou Live Band ?

- Le live-band et le sound-system sont vraiment complémentaires, ils ne peuvent pas avancer l’un sans l’autre. On vient d'ailleurs de monter un projet mi live dub et mi live band. En gros, tu as Oddy qui a confectionné l’album avec moi qui est au contrôle de la console de mix avec toute l'instru sans la basse et la batterie qui sont jouée par Clément ( à la batterie) et Tony ( à la basse ) , une spring reverb, un delay etc…. . Du coup, il y a basse, batterie, guitare, voix, plus live-dub. Ce projet est né de l'envie jouer sur scène et en sound-system de la même manière.

Tu signes ton premier EP Presenting Twan Tee avec Roots Attack, peux-tu nous expliquer comment la connection s'est faite ?

- Jeh qui est la personne qui a créé Roots Attack habite à 300 mètres de chez ma mère dans le 91 à Sainte-Geneviève-des-Bois à côté de Paris. Moi, je suis à Bordeaux depuis 5 ou 6 ans, j’y ai fait mes études et après j’y suis resté mais j’ai grandi dans le 91 et son studio était à 300 mètres de chez moi. J’ai commencé à fréquenter cet endroit, à me glisser dans un petit coin, à écouter tout ce qui se passait autour de moi. Et après, au bout de plusieurs mois, j’ai commencé à enregistrer un refrain, puis une chanson, puis des chansons et au final on a regroupé tout ça sous forme d’un EP.




Tu chantes dans un anglais bien Yardie ? Où as-tu appris à chanter comme ça ?

- Là où j’ai grandi, beaucoup de mes ainés chantaient en Yardie… Je me suis nourri en grosse majorité de cette culture. Et puis, en écoutant, en traduisant pour comprendre le sens de ces chansons, j'ai commencé a développer ça. Par la suite je suis parti en Jamaïque plusieures fois sur des périodes de plusieurs mois , ça m'a vraiment marqué et conforté dans cette manière de chanter.

Tu avais pour objectif d'enregistrer des sons ou des clips quand tu es allé là-bas, ou c'était pour le juste pour le tourisme ?

- J’ai eu différents objectifs. La première fois, c’était vraiment par curiosité. Je voulais confronter l'idée que je m'étais faite de ce pays avec la réalité de ce qui se passe là-bas concrètement. C’était très fort en émotions, je me suis rendu compte qu'en montrant l'amour que j'avais pour cette culture là, les gens m'ont accueilli à bras ouverts. Comme partout, il y a des gens qui vont être réticents, mais la grande majorité est vraiment inclusive, que tu sois blanc, jaune, beur.. Malgré l’Histoire, malgré les ignominies qu’il y a pu avoir par le passé, il y a un amour qui transcende tout ça aujourd’hui et une interaction qui fait abstraction d'où tu viens.

Tu as rencontré des grands noms du reggae sur place ?

- J’ai rencontré beaucoup de gens, mais les stars jamaïcaines , tu les croises partout. C’est ça qui est fou ! Tu sors pour aller dans une soirée Stone Love, tu vois Elephant Man, Bounty Killer, Buju Banton qui se baladent... Et personne n'habite vraiment très loin des uns des autres , donc la concentration est dense. Mais sinon, j’ai rencontré des gars très talentueux sur la route comme Konchuz ou le fils de Rory Stone Love, Golden Rama, qui qui m’a emmené la dernière fois dans le studio de Sugar Minott, Sugar Minott, Youthman Promotion, pour enregistrer.



Peux-tu nous dire comment tu as rencontré Oddy ?

- Avec Oddy, on s’est rencontré parce qu’il m’a hébergé une nuit alors que je jouais à Toulon dans un bar. Je suis arrivé là-bas, j’ai découvert son studio de dingue et toute une communauté qui travaille tous les jours dans la confection de différents projets. Je devais rester une nuit, et je suis resté une semaine au final. On a fait quatre ou cinq sons. On avait déjà tout le début du projet en une semaine. Ca s'est fait donc très naturellement.

Sur ton album Crossing, tu poses sur du Reggae, du Dub, du Ska. Tu as tout de même des préférences ?

Twan Tee meets Oddy - Crossing- Pour moi il n'y a qu'une seule musique avec différentes façon de l'exprimer. Naturellement, on ne s’est pas dit qu'il fallait qu’on ait différents styles sur l’album. On s’est juste fait plaisir, on a laissé libre court à notre créativité, c’était pas calculé et j’aime bien cette manière de faire parce que tu ne te mets pas de limite. C’est ton esprit qui t’emmène quelque part sans même que tu l’aies choisi.

Comment as-tu vécu les périodes de confinement liées à la crise sanitaire ?

- C’est une période difficile mais il y a différentes manières de positiver et de concentrer son attention sur d’autres choses. Là, on est beaucoup en studio du coup. On se concentre sur des projets, des futurs collaborations. On essaie d’optimiser au mieux ce temps qui nous est volé.

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