Si le public connaît les noms des groupes et de leurs chanteurs, peu de gens connaissent les noms des musiciens qui les composent et qui pourtant sont la pierre angulaire d’un groupe. L’un et l’autre sont inter-dependants pour la création musicale, et pourtant, les musiciens et compositeurs (ou « riddim-makers) restent les soldats de l’ombre malgré le talent qu’ils peuvent avoir…
C’est le cas de Jonas « Koffi » Gouraud, dont vous avez sûrement déjà entendu la musique, puisqu’il a déjà créé des riddims pour des artistes tels que Masta Hams ou Lyricson, et plus récemment le compositeur de l’intégralité des riddims de l’album New Dawn, d’Omar Perry.
Il se lance dans le reggae lors de ses années lycée avec un groupe nommé « Jahmaican horse », et y fait ses armes en tant que batteur… En 2014, il commence à composer des riddims et parallèlement, rencontre l’artiste M’Shaddy. Et avec les musiciens qui l’accompagnent, fonde le groupe Soulnation Band.
Le groupe se compose donc de 5 membres : Jonas à la batterie, Brendan Allenet à la basse, Valentin Bidet et Mickael Toux aux claviers et Suga Guitsy à la guitare. Grâce à leur son, ils auront l’occasion d’accompagner des artistes comme Anthony John, Ali, et Omar Perry et préparent à ce jour un album en compagnie du jamaïcain Perfect Giddimani.
Fort de ces expériences, Jonas rejoint le groupe Bi.Ba (Bingy Band) en 2018.
Et cette année en 2020, la crise sanitaire due au Covid-19 a mis les groupes et les tournées à l’arrêt et ces acteurs de l’ombre ont pu laisser libre court à leur créativité et leur passion. En découlera cet excellent morceau « So What », un standard jazz de Miles Davis, magnifiquement arrangé en reggae par Jonas.
« Le choix de ce morceau s’est fait naturellement, car mes parents écoutaient cette musique, et je voulais me faire plaisir et également sortir des sentiers battus du reggae » explique-t-il. Il a donc maquetté seul le morceau, puis envoyé les pistes aux musiciens du Soulnation Band pour rajouter leurs parties, puis invité le saxophoniste et flûtiste Maël Cageron pour arranger et poser les cuivres ainsi que le pianiste de jazz Paul Platzer pour les solos de piano. Enfin, après récupération des pistes, il a mixé le tout avec un résultat d’une propreté égale à celle d’un professionnel de la discipline.
Quand je lui ai demandé si il en ferait d’autres, il s’étonnait modestement de la positivité des retours qu’il avait eu, avant d’ajouter qu’il avait d’autres idées en tête, ce qui ne laisse présager que du bon pour la suite. Personnellement, je suis friand de ce genre de morceaux, qui permettent au reggae de briser les clichés qui peuvent des fois lui nuire, et lui redonner ses titres de noblesse, qu’il perd au fur et à mesure, à cause de la « popisation » du genre depuis quelques années.