L'algorithme et ses pouvoirs : un game changer pour les artistes ?
Les plateformes de streaming fonctionnent sur des algorithmes qui influencent directement les artistes mis en avant. Cela a démocratisé l'accès à la musique, permettant à des artistes reggae de toucher une audience mondiale sans devoir épouser à tout prix les circuits traditionnels.
Les avantages des playlists
Les playlists jouent un rôle central. Des sélections éditoriales comme "Reggae Classics" ou "Dancehall Official" sur Spotify peuvent propulser un morceau inconnu sous le feu des projecteurs. L’inclusion dans une playlist populaire permet non seulement d’augmenter les streams, mais aussi de toucher de nouveaux fans. Les plateformes deviennent ici le nouveau terrain où artistes indépendants et géants se battent pour de la visibilité.
Un artiste émergent comme Lila Iké doit beaucoup à ce système. Grâce à des playlists comme "Iration", son titre "Where I'm Coming From" a touché une fanbase en dehors des circuits jamaïcains, atteignant un public européen et américain. Une opportunité inédite pour des talents souvent cantonnés à leur région par le passé.
Le revers de la médaille
Pourtant, tout n’est pas rose. L’algorithme favorise des sons "stream-friendly", souvent formatés pour plaire au plus grand nombre. Des morceaux dépassant quatre minutes, ou des productions qui explorent des styles trop expérimentalistes, peuvent facilement être mis sur la touche. Cela pose une question fondamentale : le reggae risque-t-il de perdre sa richesse musicale au profit de titres conçus pour capturer des écoutes rapides ?
Dans ce schéma, le roots reggae traditionnel voit beaucoup de ses artistes historiques passer à la trappe. Les compositions spirituelles et narratives de Sizzla ou Burning Spear, conçues pour se savourer en immersion, peinent à rivaliser avec l’énergie high tempo des hits dancehall calibrés pour les playlists.