Retour sur une édition 2016 au groove Jamaïcain assumé

Le Festival Couleur Café, c’est la grande messe bruxelloise des musiques du monde. Mais en 2016, un vent de reggae roots, de dub magnétique et de dancehall futuriste a soufflé plus fort que jamais sur Tour & Taxis. Au cœur d'une programmation multiculturelle, la scène reggae du festival s’est taillée une place de choix avec une sélection d’artistes qui ont marqué les mémoires, fait danser les foules et porté haut l’étendard de l’héritage reggae-urbain. Bilan d'une année qui a fait vibrer Bruxelles au skank de la Jamaïque.

Lignes fortes de la programmation reggae 2016

2016, c’était l’année du grand mix à Couleur Café, mais aussi celle des têtes d’affiche reggae taillées pour embraser la scène Green Stage :

  • Damian "Jr. Gong" Marley
  • Chronixx & Zincfence Redemption
  • Kabaka Pyramid & The Bebble Rockers
  • Anthony B
  • Hollie Cook
  • Twinkle Brothers

Les sélections ne laissaient aucune place au hasard : la crème new roots et les légendes du reggae UK côtoyaient le revival jamaïcain, pour une mosaïque métissée, entre authenticité roots et ouvertures modernes.

Damian Marley en tête d’affiche : le lion a rugi

Le point d’orgue de cette édition, c’était sans conteste la présence de Damian "Jr. Gong" Marley. Très attendu, il a livré un set calibré, oscillant entre pureté roots, énergie dancehall et conscience sociale. Avec "Welcome to Jamrock" en ouverture, il a immédiatement donné le ton. Les articles de presse (RTBF, "Couleur Café 2016 : L’incendie Damian Marley", 27/06/2016) rapportaient que la Green Stage était littéralement saturée : plus de 10 000 festivaliers, jeunes et anciens, scandaient les paroles en chœur.

Damian Marley, héritier mais pas "simple fils de", a électrisé la foule avec des morceaux devenus classiques : "Patience", "Affairs of the Heart", "Road to Zion"… L’alchimie avec le public plongé dans une vague positive a ramené l’énergie des grands soirs. Sa capacité à tisser un lien direct, à mêler des messages conscients à des rythmes puissants, a fait de ce show un vrai highlight de l’édition 2016. Le final sur "Could You Be Loved", en hommage au King Marley, a fait frissonner tout Bruxelles.

Chronixx & Zincfence Redemption : L’étendard new roots

L’autre sensation majeure de 2016, c’était la venue de Chronixx, leader de la relève roots jamaïcaine qui débarquait pour la première fois à Couleur Café. Avec le backing band Zincfence Redemption, Chronixx a littéralement envoûté la Green Stage. Son show s’est imposé comme une masterclass new roots ultra-solide : skanking, flow sobre et intense, et surtout, un charisme saisissant pour ses 23 ans à l’époque.

La performance a été saluée par les médias spécialisés comme Reggae.fr et Listen! Festival pour sa sincérité. "Here Comes Trouble", "Smile Jamaica", "Majesty"… chaque titre était repris par la foule, preuve du rayonnement de cette nouvelle génération jamaïcaine qui réconcilie amateurs de roots, de reggae lovers et curieux. Chronixx, avec sa vibe authentique et moderne, a mis tout le monde d’accord et confirmé la place du reggae revival sur les grandes scènes européennes.

Kabaka Pyramid : Altitude lyrical & énergie militante

Impossible d’évoquer l’édition 2016 sans parler du passage de Kabaka Pyramid, la voix de la "conscious revolution" à la jamaïcaine. Accompagné des Bebble Rockers, il a proposé un set nerveux, engagé, et bourré d’improvisations dub. Kabaka a défendu son line-up avec force et talent, jonglant entre techniques rap, vibes dubwise et envolées roots. Sa présence a surtout marqué par la densité de ses textes, l’urgence de son discours : remise en cause du système, appel à la conscience panafricaine, le tout enrobé d’un groove contagieux.

  • Son interprétation de "Well Done" a fait lever une marée de poings en l’air.
  • L’interaction avec le public, entre patwa et message universel, a créé l’une des plus belles connexions militantes du festival.

La presse spécialisée belge, dont Focus Vif, a souligné "l’intensité politique et la fraîcheur musicale" de ce show. Kabaka a montré la force du reggae comme outil d’éveil pour la jeunesse européenne.

Anthony B : La force du dancehall roots

Avec Anthony B, c’est tout le pan dancehall roots qui est monté sur scène. Figure depuis les années 90, le Bobo Ashanti connu pour ses shows incandescents n’a pas déçu : énergie débordante, voix rauque, hymnes fédérateurs. "Raid The Barn", "World A Reggae Music", "Police"… Autant de classiques qui, portés par un backing band carré, ont mis le feu à l’audience.

La prestation d’Anthony B a été l’une des plus participatives du festival, mélangeant messages rasta, conscience sociale et moment purement festifs. La presse locale (Le Soir, édition du 26 juin 2016) salue la capacité de l’artiste à embarquer la foule, à faire trembler les barricades des sound systems venus de toute la Belgique.

Hollie Cook et Twinkle Brothers : Diversité et héritage UK/Caribbean

Place à la diversité. Le reggae made in UK était aussi à l’honneur :

  • Hollie Cook, ex-choriste de The Slits et fille de Paul Cook (Sex Pistols), a amené un souffle lover’s rock, entre pop psychédélique et reggae chaloupé. Son show à la Garden Stage fut un vrai pont entre générations. La douceur de titres comme "Angel Fire" ou "Postman" a rafraîchi l’atmosphère, tout en rappelant la diversité de la diaspora reggae en Europe.
  • Twinkle Brothers, pionniers du roots UK actifs depuis 50 ans, ont rappelé pourquoi la scène britannique reste incontournable. Leur concert, chaleureux et fédérateur, a fait voyager l’audience du côté des racines tout en soulignant le rôle militant du reggae dans le contexte social européen.

Quelques chiffres clefs et témoignages

  • Environ 75 000 festivaliers sur les trois jours selon les organisateurs (La Libre Belgique, 27/6/2016). Le reggae a rassemblé les foules, de la Green Stage au Dub Corner.
  • La programmation reggae a représenté près de 20% de la line-up totale, un ratio rarement atteint dans les grands festivals généralistes d’Europe.
  • Le public : mix générationnel, majoritairement entre 18 et 35 ans, mais aussi familles, communautés afrodescendantes et public belge cosmopolite (enquête terrain, Les Inrocks).
  • Témoignage d’un festivalier (extrait Le Soir) : “Damian Marley, c’était le feu ! Mais la vibe de Chronixx, j’en reparle encore aujourd’hui…”

À noter aussi, la participation accrue des sound systems locaux (Soul Sounds, Legal Shot), qui ont animé les afters reggae-dub jusqu’au petit matin, confirmant l’ancrage profond du reggae dans la nuit bruxelloise.

Pourquoi l’édition 2016 a marqué un tournant pour la scène reggae à Couleur Café ?

Couleur Café 2016 a prouvé qu’en Europe, le reggae ne se contente plus d’être la musique des nostalgies ou d’un entre-soi. Cette année-là, la scène reggae:

  • S’est affirmée comme l’une des plus fédératrices du festival, drainant un public varié autour de valeurs de tolérance, de respect et d’ouverture.
  • A créé la rencontre entre les poids lourds jamaïcains, les icônes britanniques et les nouvelles vagues, donne une visibilité accrue au reggae comme force vive, moderne, inventive.
  • A permis de faire dialoguer les héritages roots, la vitalité dancehall, le militantisme conscious et les influences afro-futuristes.

L’impact se mesure encore aujourd’hui, tant sur la programmation des années suivantes qu’au sein de la scène belge : explosion du nombre de sound systems et de soirées reggae-dub, multiplication des collectifs et émergence de jeunes chanteurs reggae fusion. 2016 est ainsi souvent citée par les programmateurs locaux, d’après un entretien avec le collectif Reggaebus, comme “l’année où la Belgique reggae est entrée dans la cour des grands festivals européens”.

Vers une amplification reggae encore plus large ?

L’édition 2016 sonnait comme un manifeste pour un reggae vivant : capable de se renouveler, d’unir et de dialoguer avec d’autres scènes. Couleur Café a servi de caisse de résonance, cassant les cloisons entre reggae et musiques urbaines, afro, électro ou pop. Beaucoup y voient le symbole d’une scène reggae qui ne cesse de se réinventer et d’embraser les cœurs, des massives confirmés aux nouveaux venus curieux.

L'expérience de 2016 reste un clin d’œil fort à la valeur du live reggae : intensité, partage, et cette vibration unique qui continue d’agiter les nuits bruxelloises. Rendez-vous est pris pour les prochaines éditions, où chaque line-up reggae continue d’être scruté et attendu ; preuve que la flamme allumée en 2016 ne s’est jamais vraiment éteinte dans la capitale belge.

Sources :
  • RTBF : “Damian Marley enflamme le Couleur Café”
  • La Libre Belgique, édition du 27/6/2016
  • Reggae.fr, report Couleur Café 2016
  • Focus Vif, chronique festival 2016
  • Le Soir, “Couleur Café, le retour du reggae”
  • Les Inrockuptibles, “Les festivals belges : le reggae à l’honneur”
  • Listen! Festival, interview Chronixx (juillet 2016)
  • Entretien avec Reggaebus Sound System

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