Trap et reggae : Fusion des cultures urbaines
Quand la Jamaïque se teinte d’Atlanta
La trap, genre urbain né à Atlanta au début des années 2000, a lui aussi trouvé son chemin dans le reggae moderne. Si, à première vue, ses beats lourds et synthétiques semblent à des années-lumière des vibrations organiques du roots reggae, les artistes dancehall ont rapidement adopté cet univers sonore. C’est particulièrement évident dans ce qu’on appelle maintenant le dancehall trap.
Dexta Daps, Vybz Kartel ou encore Masicka figurent parmi les artistes dancehall qui flirtent avec les codes de la trap : rythmes boom-bap, basslines 808 bass, autotune omniprésent. Cela donne des morceaux sombres, parfois introspectifs, qui capturent l’énergie des jeunes générations. La Jamaïque, connue pour son talent à absorber et réinterpréter les influences, s’est appropriée la trap pour lui insuffler sa patte unique.
Un nouveau souffle ou une dérive ?
Pour certains puristes, ce mélange avec la trap peut sembler loin des philosophies originelles du reggae. Après tout, les thèmes traditionnels du reggae – résistance, amour universel, conscience sociale – s’éloignent des textes souvent plus matérialistes et égocentriques de la trap. Mais il s’agit également d’une évolution naturelle : comme toujours dans la musique jamaïcaine, chaque génération adapte le son à ses luttes et ses préoccupations actuelles.
Une chose est sûre : cette fusion a permis une ouverture de nouvelles perspectives pour les artistes reggae, notamment sur des marchés américains largement captifs de la trap. Shenseea, par exemple, a collaboré avec Tyga (rappeur américain) pour offrir des titres dancehall-trap plus accessibles à un public international.